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Aux deux extrémités de son spectre, l’édition de bande dessinée semble traversée par la tentation de l’auto-édition. Du fanzinat aux auteurs les plus installés, l’auto-édition offre une alternative récurrente. Symptôme d’une « édition sans éditeurs », ce recours à l’auto-édition peut être perçu comme un témoin de la crise de l’édition industrielle. Dans un système qui place — tardivement — l’auteur au pinacle, et où les éditeurs peinent à se faire un nom, le renouvellement passe davantage par les auteurs que par les éditeurs. La dévalorisation du métier d’éditeur de bande dessinée laisse ainsi le champ libre à une prolifération de l’amateurisme, ou de niches très ciblées, se limitant à l’œuvre d’un seul auteur : Midam aujourd’hui, Tabary ou Uderzo hier. Cet article explore les racines historiques de cet engouement pour l’auto-édition, en se concentrant sur les années 1970–1980.

Self-publishing has become a recurrent strategy for cartoonists of both ends of the comics spectrum. Whether adopted and put into practice by fanzines and small press or successful and renowned artists themselves, self-publishing has established itself as an alternative. This move to self-publishing can be seen as a consequence of the crisis animating industrial comics publishing. In a system which has belatedly elevated the role of the author and in which the publisher is hardly, if ever, mentioned, innovative and regenerating publishing strategies primarily emanate from creators rather than established editorial structures. In fact, the loss of prestige of the comics publishing profession has resulted in the mushrooming of amateur structures and very specific niches which, sometimes, only focus on one particular artist. This was the case in the past with creators such as Tabary or Uderzo. A more recent example would be the case of Midam. In focusing on the Franco-Belgian production of the 1970s and 1980s, this essay explores the historical roots of this self-publishing trend.